Le baromètre 2025 sur la Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT), réalisé par PRÉVIA et MOAÏ, met en lumière une réalité troublante : 63 % des salariés font état d'une charge mentale élevée, près d'un sur deux déclare un manque de reconnaissance, et plus d'un sur trois a déjà vécu un arrêt de travail de longue durée. Le mal-être au travail ne se cache plus : il s'exprime, s'installe et interpelle.
Pourtant, les entreprises sont face à une autre réalité : quatre générations cohabitent aujourd'hui dans les organisations, avec des visions du travail parfois divergentes. Dans ce contexte, comment instaurer une culture managériale capable de répondre à des attentes aussi variées que celles de Zélie, Malick, Nadia ou Patrick ?
Comprendre les 4 visions du travail : GenZ, Millennials, GenX, Boomers
L'étude distingue quatre grandes générations présentes dans les entreprises françaises :
- Gen Z (après 1995) : recherche de sens, bien-être mental, feedback immédiat, authenticité.
- Millennials (1980-1995) : transparence, équilibre vie pro/perso, engagement à condition d'utilité.
- Génération X (1965-1980) : loyauté, stabilité, reconnaissance silencieuse.
- Boomers (avant 1965) : expérience, transmission, attachement au concret.
Des portraits vivants illustrent ces tendances :
- Zélie, 24 ans, veut un travail qui lui ressemble.
- Malick, 36 ans, cherche du sens et de la souplesse.
- Nadia, 52 ans, souhaite être reconnue pour sa résilience.
- Patrick, 61 ans, transmet son savoir avec loyauté.
QVCT et management : un enjeu d’alignement
71 % des salariés sont satisfaits de leur situation professionnelle actuelle, mais à condition que certaines clés soient présentes : le confort physique, un management à l'écoute, un bon équilibre vie pro/perso.
Là où la GenZ valorise le sens et la santé mentale, la GenX attend reconnaissance et stabilité. Le défi est donc de ne pas appliquer un management unique, mais bien de construire une posture adaptative.
Cas concret : Un manager d’une équipe intergénérationnelle en bureau d'études technique a réussi à réduire le turnover en adaptant sa communication selon les attentes individuelles (reconnaissance, autonomie, clarté des rôles).
Les signaux d’alerte : stress, charge mentale et arrêts de travail
Selon l'étude :
- 50 % des salariés se sentent stressés,
- 56 % déclarent que leur travail déborde sur leur vie privée,
- 63 % de la GenZ se disent en surcharge mentale,
- Et 60 % des salariés ayant connu un arrêt de longue durée envisagent de quitter leur entreprise.
La santé mentale devient un sujet stratégique. Les politiques QVCT ne peuvent plus être accessoires. L'écoute, la formation des managers, la flexibilité organisationnelle sont des leviers essentiels.
Adapter son management à la diversité générationnelle
Adapter son management aux réalités intergénérationnelles, c’est reconnaître que les leviers de motivation et les besoins de reconnaissance ne sont pas les mêmes pour tous. Une politique RH ou managériale uniforme risque d’ignorer des aspirations essentielles, notamment celles des jeunes générations en quête de sens, de feedback rapide et d’équilibre vie pro/vie perso.
Le baromètre PRÉVIA recommande plusieurs leviers d’action :
- des formations à la gestion des équipes intergénérationnelles, pour apprendre à décoder les attentes et ajuster sa posture managériale,
- des dispositifs de mentorat croisé, qui valorisent à la fois l’expérience des seniors et l’agilité numérique ou relationnelle des plus jeunes,
- un diagnostic des attentes collaborateurs, indispensable pour éviter les actions hors-sol et bâtir des réponses ciblées.
Exemple : Dans une PME industrielle confrontée à des tensions intergénérationnelles, un programme de parrainage inversé a été instauré. Un jeune salarié mentorait un senior sur les outils numériques, pendant que celui-ci transmettait ses savoir-faire métiers. Ce double échange a créé de la reconnaissance mutuelle, restauré la communication dans l’équipe et permis une montée en compétences réciproque.
Adapter son management, c’est aussi reconnaître les moments de transition professionnelle (prise de poste, retour d’arrêt, reconversion) et adapter l’accompagnement en fonction de l’âge, de la situation personnelle et de l’expérience. Cela suppose de doter les managers de grilles de lecture adaptées et d’outils concrets.
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Instaurer une culture du soin au travail
Le "soin au travail" ne se limite pas à des actions ponctuelles de bien-être ou à des dispositifs RH déconnectés du quotidien. Il s'agit d'une approche globale, humaine et managériale, qui consiste à considérer la santé mentale, la reconnaissance, la solidarité et l'équilibre de vie comme des piliers de la performance durable. Créer une culture du soin, c'est doter l'organisation de pratiques qui prennent soin des personnes autant que des résultats. C'est faire du bien-être un indicateur de pilotage, et non un effet secondaire.
Cela implique :
- Une politique QVCT efficace ne se résume pas à des actions gadgets ou ponctuelles. Elle doit s’inscrire dans la durée et reposer sur des piliers solides :
- des dispositifs d’écoute sincères et accessibles à tous (ex : ligne d’appel interne, espaces de discussion animés, permanence d’assistants sociaux),
- une reconnaissance authentique du travail accompli,
- des ajustements organisationnels : flexibilité des horaires, temps de pause adaptés, politique de télétravail équilibrée, accompagnement au retour d’arrêt maladie.
Cas pratique étendu : Dans une entreprise de services d’une centaine de salariés, les taux d’arrêt maladie avaient fortement augmenté, notamment parmi les jeunes salariés. La direction a décidé de mettre en place un dispositif baptisé « Voix du terrain », organisé sous forme d’ateliers trimestriels animés par un facilitateur externe. Chaque atelier permettait aux collaborateurs d’exprimer leurs contraintes, leurs idées et leurs besoins pour améliorer leur quotidien professionnel. Un planning collaboratif a été co-construit à partir de ces retours, introduisant par exemple : des rotations volontaires sur les horaires décalés, une pause méditation hebdomadaire, et un suivi plus humain des absences. En moins de 6 mois, l’entreprise a constaté une baisse de 20 % de l’absentéisme et une nette amélioration de la satisfaction interne.
Ce cas illustre que le soin au travail ne repose pas uniquement sur des initiatives RH : il passe par la création d’un espace où chacun peut contribuer à l’amélioration continue de son environnement professionnel. C’est un enjeu managérial, culturel, mais aussi stratégique.
Collaborer au-delà des générations
Le défi des organisations modernes ne réside pas dans la réduction des différences entre les générations, mais dans leur valorisation. Plutôt que d'imposer un modèle unique, les entreprises doivent créer des environnements de travail adaptables, où chaque collaborateur, qu'il soit jeune entrant sur le marché ou professionnel aguerri, trouve sa place, son rôle et les moyens de contribuer.
Les attentes croisées sur le sens, la reconnaissance, la transmission, l'équilibre de vie et l'engagement peuvent s'articuler dans une dynamique d'intelligence collective. L'intergénérationnel, bien piloté, est un moteur de performance durable.
Citation clé du baromètre :
"Le risque serait de calquer des actions sur des stéréotypes figés, au lieu de partir des dynamiques réelles de collaboration et de transmission."