Développer son leadership ne se limite pas à des compétences techniques ou à une position hiérarchique. C’est avant tout la capacité à se connaître soi-même et à composer avec ses émotions. Dans un environnement professionnel de plus en plus complexe, l’agilité émotionnelle devient un atout majeur pour gagner en confiance, renforcer ses relations et prendre des décisions alignées avec ses valeurs.
Pourquoi nos émotions influencent notre leadership
Chaque jour, nous prononçons environ 6 000 mots. Mais notre esprit en génère des milliers d’autres, silencieux : doutes, jugements, anticipations, espoirs. Certains sont utiles (« je suis prêt pour cette présentation »), d’autres freinent notre énergie (« je vais échouer », « on va me juger »).
Chercher à refouler ces pensées ou à les ignorer est contre-productif : cela consomme nos ressources mentales et finit par impacter nos comportements. Le leadership ne consiste pas à nier ses émotions, mais à les comprendre et à les utiliser de manière constructive.
L’agilité émotionnelle, c’est quoi ?
L’agilité émotionnelle est la capacité à accueillir ses émotions sans s’y laisser piéger, à en tirer des informations utiles, puis à agir en cohérence avec ses valeurs.
- Ne pas cacher sa colère, sa peur ou sa culpabilité,
- Ne pas se laisser dominer par ces émotions,
- Les observer avec recul et choisir sa réaction.
De nombreuses recherches montrent que développer cette compétence améliore la qualité des relations, réduit le stress, augmente la créativité et favorise la performance collective. C’est une compétence utile à chacun, quel que soit son rôle dans l’organisation.
Deux exemples concrets
Cynthia, avocate et jeune mère, se sentait déchirée entre sa vie professionnelle et sa vie familiale. Sa culpabilité permanente l’empêchait de s’investir pleinement dans ses projets, comme dans ses moments de détente en famille.
Jeffrey, jeune collaborateur ambitieux, voyait sa colère gâcher ses relations professionnelles. Il réagissait vivement lorsqu’il n’était pas entendu ou quand ses collègues ne faisaient pas leur part du travail. Plus il essayait de « se contenir », plus il se sentait frustré.
Ces situations reflètent un défi universel : savoir reconnaître ses émotions, leur donner une juste place et agir en cohérence avec soi-même. Chacun d’entre nous, quel que soit son rôle ou son niveau de responsabilité, peut se retrouver pris au piège de ses ressentis.
C’est précisément pour répondre à ces défis que l’agilité émotionnelle devient une compétence essentielle. Elle ne supprime pas les émotions difficiles, mais elle offre une manière constructive de les aborder. Plutôt que de se laisser gouverner par elles ou de chercher à les étouffer, il s’agit d’apprendre à en faire des alliées.
Pour y parvenir, une démarche accessible à tous, fondée sur quatre étapes simples, permet de mieux comprendre ses réactions et de transformer ses émotions en leviers d’action.
Une approche en 4 étapes pour développer son agilité émotionnelle
1. Reconnaître ses schémas habituels
Nous avons tous des réactions automatiques : douter de soi face à un défi, s’emporter lorsqu’on se sent ignoré, culpabiliser lorsqu’on doit dire non. La première étape consiste à repérer ces scénarios qui se répètent.
Astuce pratique : notez les situations où vos réactions sont excessives ou vous semblent familières. Cela révèle vos déclencheurs émotionnels.
2. Identifier et nommer ses émotions
Mettre un mot sur ce que l’on ressent permet de créer de la distance. Dire « je ressens de la colère » au lieu de « je suis en colère » change tout : vous n’êtes pas votre émotion, vous l’expérimentez.
À retenir : prenez un instant, respirez, et demandez-vous : « Quelle émotion est présente en moi maintenant ? »
3. Accepter avec bienveillance
Accepter une émotion, ce n’est pas se résigner. C’est reconnaître qu’elle existe, qu’elle a un message à transmettre, et lui permettre de passer. Rejeter une émotion ne fait que la renforcer.
Suggestion pratique : visualisez vos pensées comme des nuages dans le ciel. Elles passent, mais vous restez le ciel, vaste et stable.
4. Agir selon ses valeurs
Une fois la distance prise, vous pouvez décider de votre réaction. Les valeurs sont vos boussoles. Agir en accord avec elles permet de trouver un équilibre, même dans les situations complexes.
Astuce pratique : face à un choix difficile, demandez-vous : « Quelle action reflète le mieux la personne que je souhaite devenir ? »
Une pratique au quotidien
L’agilité émotionnelle n’est pas une compétence que l’on « acquiert une fois pour toutes ». C’est une pratique, un entraînement, un travail continu. Les personnes qui la développent ne sont pas à l’abri des émotions difficiles, mais elles savent mieux y répondre.
C’est ce qui distingue un leadership fragile d’un leadership durable : la capacité à rester aligné, même dans l’incertitude ou la pression.
Développer son leadership, ce n’est pas seulement acquérir de nouvelles compétences ou obtenir un poste plus élevé. C’est avant tout apprendre à se connaître, à naviguer avec ses émotions et à les transformer en alliées.
L’agilité émotionnelle offre à chacun — collaborateur, manager, ou étudiant en début de carrière — la possibilité de renforcer sa confiance, d’améliorer ses relations et d’incarner un leadership plus authentique et inspirant.